Ils ne vont pas s'ennuyer, là-haut !

Hier matin, dans la petite église d'Ainay le Vieil, nous étions plus de 300 à accompagner Anita Tullio dans son voyage vers le ciel - un ciel où je ne doute pas qu'elle sème une belle pagaille, comme l'a dit le premier orateur, l'imaginant remuer le cosmos, déplacer Saturne, changer les couleurs de Mars et faire surgir des nuées d'angelots dans une nouvelle guerre des étoiles !

Il faisait froid. j'étais contente de trouver une place assise.

Un accordéoniste a joué de beaux tangos, un autre musicien a joué du cymbalum. Beaucoup de mots très justes ont été prononcés, sur son caractère volcanique, passionné, intransigeant , entier, sur son engagement total dans son art, sur sa vie de femme qui assume, seule et droite, sur son amour de la liberté et sa générosité.

C'était bien.

Ce qui devait être dit fut dit.

Je me souvenais de notre première rencontre, un soir de l'été 1997 où nous l'avions ramenée en voiture de Bourges. Son tempérament explosif s'était manifesté si fort sur la route que Jean-Pierre avait du s'arrêter : il lui était impossible de conduire dans de telles conditions. Anita avait boudé, appuyé contre la vitre, puis avait déclaré qu'elle avait faim et nous avions dîné à l'auberge de La Groutte. Elle s'était apprivoisée doucement et nous avons terminé la nuit chez elle, à parler et à boire, au milieu de ses oeuvres, époustouflés.

C'était indéniablement un des plus grands chocs esthétiques de ma vie.

Une grande artiste. Une grande dame.