Dans le néant désertique des oraux de l'Epreuve Anticipée de Français, j'ai eu le bonheur d'interroger des jeunes gens d'un internat privé.
Lumineux, bien vêtus, polis, bien élevés, courtois, souvent plein d'humour, capables de distanciation - voire d'autodérision - tous avaient leur liste de textes, les oeuvres en double afin que je puisse suivre, tous ont fait une introduction, un plan solide, une étude nourrie de faits de langue précis, employé une terminologie stylistique de qualité, compris les textes avec finesse, et même formulé une conclusion !
Cultivés, ils possédaient de sérieuses références bibliques, comprenaient ce que je leur disais, ils sortaient même au théâtre !
Tous savaient lire, avaient lu ce qui était au programme et souvent bien au-delà !
Tous avaient une montre, un stylo et une signature d'adulte.
Des hommes, des vrais.
Courageux, armés, souvent beaux garçons, drôles, charmants, spontanés, répondant à mes questions sans ostentation ni embarras.
J'avoue, après l'interrogation, leur avoir posé des questions plus personnelles sur leur vie et leur internat - hors épreuve .
Ils avaient l'air heureux, même si la séparation de leur famille, de leur pays ou région d'origine n'avait pas été facile.
Ils ont appris à se débrouiller seuls, sans appeler papa-maman au secours sur leur portable dans les minutes où ils avaient rencontré une difficulté ou une déception.
Ils ont appris à être et à assumer, à s'assumer.
J'ai noté soigneusement le nom et l'adresse de cet internat.
J'ai osé demander : "Y a-t-il des femmes qui enseignent dans votre école ? "
- Sourire surpris ... "Bien sûr que oui, Madame !"
J'ai osé dire : "Je viendrais bien dans votre Paradis ..."
- Oh ! Venez, Madame !
... C'est un peu loin de chez moi ... mais je vais oser téléphoner, me renseigner ...
J'irais bien , dans leur Paradis ...
Je crois que je vous dois de vous faire un aveu : c'est la première fois que je suis amoureuse de tout un internat ...
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)