Je lis dans le "Télérama" de cette semaine que la plupart des critiques de cinéma jugent désormais la valeur d'un film uniquement sur le plan "littéraire" (la narration, l'originalité de l'histoire) et occultent totalement le reste .
Le même article souligne l'absence de "langage cinématographique" dans des films "encensés par des louanges dithyrambiques " comme La guerre est déclarée ou Intouchables.
Bingo !
Je sais maintenant pourquoi j'ai détesté La guerre est déclarée et été très déçue par Intouchables : ce ne sont pas des films, ce sont des "histoires".
C'est peut-être justement cela qui plaît au grand public ...
Je n'ai pas détesté Intouchables, j'ai même ri de bon coeur aux facéties d'Omar Sy .
Ce que je n'ai pas aimé, c'est l'absence de finesse et l'aspect totalement caricatural des personnages : le Black de banlieue cliché de chez cliché et le "bon" aristocrate riche - "bon" parce que handicapé - restons dans le "politiquement correct" et n'en sortons pas. Seuls certains seconds rôles, en particulier celui de la "maman" noire m'ont paru intéressants - bien que très cliché aussi, cette brave femme de ménage qui va de sa banlieue à ces bureaux de verre de la "city" parisienne.
On me dit : "Mais c'est une histoire vraie ! " - je n'en doute pas, mais quand je vais au cinéma, je vais voir un film, pas un "reality-show" et encore moins une histoire à ce point pétrie de bons sentiments qu'elle fera forcément pleurer dans les chaumières.
Ce que j'ai détesté dans ce film, ce sont les "idéaux " sous-jacents défendus :
- la vitesse au volant (clin d'oeil à Taxi ? ) c'est génial - et, côté cliché, le Beur ou le Noir de banlieue est forcément un chauffard sans permis meilleur que tous les conducteurs assez stupides pour être passés par l'auto-école.
- le cannabis, c'est bon pour la santé et ça calme les douleurs neurologiques. Je n'en doute pas , mais de là à faire l'apologie des dealers de banlieue, de la conduite automobile dangereuse - qui aurait le bon côté de pouvoir produire plein de gentils tétraplégiques à soigner au cannabis par les gentils petits Beurs de banlieue ... Notez que ça ferait marcher le commerce et les emplois d'aide à la personne ...
- on peut tout se permettre quand on a de l'argent : exemples susdits, oui, ils sont "intouchables" ces deux-là, l'un parce qu'il a du fric, l'autre parce qu'il cogne.
Apologie de la corruption généralisée dans ce pays ...
- la musique classique, c'est barbant, ennuyeux et ceux qui en écoutent ont le "cul serré" - heureusement arrive la musique - la vraie - celle des banlieues - et le Noir - qui danse bien, forcément, comme tous les Noirs - et baise sûrement comme un Dieu aussi - comme tous les Blacks ? - va vous desserrer le cul de tous ces "bourges " ...
- l'art contemporain, c'est n'importe quoi, il suffit de tracer au rouleau 3 bandes bleues latérales et de faire dégouliner un peu de peinture jaune ou rouge et on crée un chef d'oeuvre qu'un "pigeon" achètera 150 000 euros - c'est vraiment véhiculer des idées reçues stupides qui conforteront l'aculturation ambiante.
Bon, je sais, je ne viens pas de faire une critique "cinématographique" de l'image - rien à dire, je n'ai rien vu d'intéressant - ni du montage - bof - ni du son - aucun souvenir ... mais encore une critique "morale".
Morale ? oui, mais politique aussi.
Ce film nourrit le "poujadisme" ambiant.
Attention : clichés = danger !
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