Ils ont le chic, les élèves, pour vous asséner "ça" au moment où vous vous y attendez le moins.
Vous entrez en classe, totalement préoccupée par la gestion des clés, de votre sac, de votre cartable, du cours que vous allez tenter de faire, assaillie des questions qui fusent de tous côtés.
- On fait quoi aujourd'hui ?
- Madame, j'ai oublié mon livre.
- Madame, j'ai pas mes affaires.
Vous tentez de rétablir le calme, de séparer deux garçons qui chahutent, de décoller deux amoureux qui s'embrassent à bouche que veux-tu, de faire éteindre un téléphone portable.
Et ça vous tombe dessus.
- Madame, ma mère, elle a mis mon beau-père à la porte.
- ...
- Il m'avait fait des choses ... des choses impardonnables.
Vous sortez de cours, c'est vendredi soir, déjà, vous avez en tête le week-end ensoleillé que vous passerez à corriger des copies, mais quand-même, le week-end, un peu de temps, tant de choses à faire ...
- Madame, j' veux pas aller chez ma mère ce week-end.
- ...
- Y a mon beau-père. Si j'y vais, je vais encore passer à la casserole.
Vraiment, ils ont l'instant et les mots pour le dire.
Et le regard aussi.