En mai dernier, une collègue de théâtre croisée lors d'une réunion en vue du bac me raconte qu'elle a repris des études et a l'intention de faire une thèse.
Je suis rentrée toute songeuse et les 2 heures de trajet qui séparent Orléans de Saint Amand me virent méditer et tenter d'empêcher de grandir la folie qui était en train de germer : moi aussi,
je ferais bien une thèse ... une thèse en théâtre, sur Joël Pommerat.
En descendant de voiture devant la maison, le thème (Illusion et univers contemporain dans l'univers de Pommerat) était déjà tout à fait clair dans ma tête.
J'ai écrit, bien sûr, à ma collègue afin de lui demander si ça ne la gênait pas que je lui "pique" son idée - elle travaille aussi sur Pommerat, et devant ses encouragements - elle est plutôt
contente que nous travaillions en parallèle et que nous puissions nous entraider - je me suis mise en quête d'un directeur de recherche - que j'avais déjà en tête avant que la voiture
n'arrive à Bourges - quand ça se met en route dans mon petit cerveau perturbé, ça va toujours hyper vite - trop vite, disent certains !
On m'avait prédit la croix et la bannière.
Mon vieux copain Franck me raconte qu'il a attendu des mois la réponse d' universitaires brillants qu'il avait contactés - avant d'être accepté par Michel Corvin - ce qui n'est pas rien.
Dans les 2 jours qui suivirent ma fulgurante révélation sur mon chemin de Damas - j'avais écrit à un éminent professeur de Paris 3 .
J'avais pensé : "J'écris à Joseph Danan, il va me refuser ou ne pas répondre. J'écris à Hélène Kuntz, elle me refuse ou ne
répond pas, et je laisse tomber."
Le plan avait le mérite d'être simple, clair, efficace et sans illusion.
Une semaine après , Danan m'avait acceptée. J'ai reçu sa réponse par mail sur mon i-phone un dimanche soir et j'ai bêtement fondu en larmes.
Le doute et de la peur du ridicule m' ont alors assaillie : il faut que je fasse d'abord un Master 2 - et en 2 ans, parce que, avec mon travail, je ne peux pas
faire mieux, si j' envisage ensuite une thèse ... j'en prends pour 7-8 ans facile ! Marianne, qui me soutient avec humour a déjà déclaré qu'avec un peu de chance, j'aurai ma thèse pour mes 60 ans
! ...
Une thèse - ou même un Master, à mon âge !!!
Mais quelle idée ! Alors que je pourrais rester peinarde tranquille à la maison avec mon jardin et mes chats, quel maudit démon me pousse toujours à courir les
chemins et à entreprendre des projets pas possibles ! ...
"Est-ce Dieu est-ce Diable ?" comme dirait Barbara ...
"Je suis le jouet de la fortune" dirait Roméo.
Plus simplement, je suis maudite, j'ai dû être maudite dès avant ma naissance.
Mais bon, c'est comme ça - "Je suis comme je suis" - Prévert - fin des citations !
Donc tout ça pour vous dire que j'ai passé la fin de l'été à constituer un beau dossier : c.v., lettre de motivation manuscrite, projet de recherche ... que j' ai
déposé jeudi dernier à Paris 3, après qu'il a été validé par mon directeur de recherche avec lequel j'avais eu, au préalable, un entretien. J'attends maintenant la réponse. Pour être autorisée à
entrer en Master 2, je dois obtenir une note au moins égale à 14 - ...
Donc, j'attends ...
Si ça marche, je devrai me rendre à Paris tous les jeudis.
J'ai déjà choisi 2 des 3 séminaires obligatoires - le troisième l'an prochain ! - après bien des péripéties, parce que mon administration m'a accordé "mon" jeudi ,
ce qui est déjà beaucoup, mais qu'à la fac, ça change tout le temps, et que moi, je travaille à 3 heures de train de l'université ...
.. ce qui a pour intérêt de m'accorder - ô délices ! - 6 heures de lecture dans le train .... avec ça, j' avancerai ... au rythme de la
locomotive, traînant mes wagons d'angoisses et de doutes, vers quel horizon ?
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