Steven Cohen

Je n'ai pas vu Cradle of Humankind au festival d'Avignon, mais j'ai vu Sans titre - Title withheld (fot legal and ethical reasons) - et cette "performance" m'a frappée.
C'était la première fois que je voyais Seven Cohen. En fait, je voulais voir ce spectacle surtout parce qu'il se déroulait sous la Cour d'honneur du Palais des Papes et j'étais curieuse de découvrir ce lieu.

Ce que j'ai vu repose sur le même principe que cette video : Steven Cohen se présente nu, juché sur de très hautes chaussures plus proches, dans Sans titre, d'intruments métalliques de torture que de chaussures. Il est nu - si l'on peut dire, car sa nudité est un véritable costume, parce que son corps est maquillé, tatoué, orné ; un cache-sexe de plastique transparent qui m'a fait penser à une tétine de bébé couvre son sexe tout petit.

Steven Cohen est avant tout un danseur et son travail sur son corps, sur chacun de ses muscles, est impressionnant : mouvements lents et contorsions qui se développent de façon curieuse. Son univers est très étrange, moi, j'y suis entrée - à l'exception des videos à caractère pornographique et zoophile (on voit une dame un peu vulgaire qui se masturbe avec des serpents et des poissons - à vrai dire, j'étais surtout choquée pour les serpents et les poissons, par définition non consentants à de telles pratiques.)

A l'exception de ces videos qui, pour moi, n'avaient pas lieu d'être, j'ai été frappée par cette performance, l'univers - une cave, des rats dans des tuyaux de plastique transparent, un phonographe qui tournait à vide, le silence, l'arrivée du danseur surgissant des entrailles de la pierre comme s'il s'extirpait d'un sarcophage de pierre, projetée en video au moment où il surgissait des pierres du mur, cela tenait de la naissance - une difficile extraction - et du surgissement d'un cadavre vivant.
J'ai été impressionnée par son physique, sa haute taille, très mince et musclé, la blancheur de son corps, ses yeux, son regard fascinant.
La fin est très belle : il sort en gravissant l'escalier de bois qui conduit sur le plateau de la Cour d'honneur, dans la lumière. Il ne revient pas saluer.

Certains spectateurs ont crié au scandale et qualifié ce spectacle de "pure provocation".
Je les comprends.
Mais pas moi.
Moi, je n'avais jamais rien vu de tel et il me reste des images très fortes de cette authentique performance.
Et le silence absolu d'un public hypnotisé.